Actionnaire vs. Salarié : mon coup de gueule

30 novembre, 2019

Étudiants, agriculteurs, pompiers, personnels soignants et ambulanciers, agents SNCF et RATP, fonctionnaires et gilets jaunes, les revendications sociales sont nombreuses : hausses des salaires, hausses des minimas sociaux, baisse des impôts, etc.

Mais pour financer tout cela, il faut de l’argent… Alors ou trouver tout ce FRIC ? Probablement en s’attaquant au régime des parasites et des nantis, c’est-à-dire à l’actionnaire.

Vous savez ce salaud de capitaliste, avide de dividendes, qui s’enrichit sur le dos du pauvre travailleur !

L’actionnaire est l’homme de paille idéal, il n’a pas de visage (3 millions de petits actionnaires en France) si ce n’est celui des horribles milliardaires (Bettencourt , Arnault et Pinault).

L’actionnaire est responsable de tous les maux. Il se gave de dividende, ne participe pas à l’effort nationale et oppresse les salariés.

La désinformation des médias

La première chose qui me frappe, c’est la désinformation pratiquée par certains médias et politiques. Le magazine Marianne surfe sur l’actualité sociale en publiant un article intitulé « Pourquoi augmenter les salaires est la solution« .

Et pour promouvoir son torche balle, le magazine a publié une belle infographie, très largement relayée sur les réseaux sociaux. On constate rapidement que ces salauds d’actionnaires on vu leurs dividendes exploser alors que la rémunération des gentils salariés stagne…

Ce qui est pratique avec les chiffres et notamment les chiffres financiers, c’est qu’on peut les manipuler à sa guise, pour passer les bons messages.

Dans son étude, Marianne prend la période 2013-2018 pour référence. Les journalistes sont donc en train de comparer une période de reprise économique (2013), après un krach boursier, avec un haut de cycle économique (2018).

Allez, soyons un peu plus honnête que les journalistes de Marianne et prenons des périodes comparables, 2007 et 2018 correspondant à des hauts de cycles économiques.

Tout d’abord, analysons l’entreprise Pernod Ricard. Il est vrai que le leader mondial de la vente de spiritueux a augmenté significativement son dividende sur la période, comme indiqué dans l’infographie de Marianne.

Mais regardons les chiffres de Renault dont l’État Français est le premier actionnaire. En 2007, la marque au losange a distribué un dividende de 3.8€ par actions. En 2018, le dividende était de 3.55€, soit une baisse de 6.5% !

Pour Faurecia, il va être plus compliqué de faire l’exercice. En effet, l’équipementier automobile n’a pas distribué de dividende entre 2004 et 2010. Quoi une entreprise cotée en bourse ne distribue pas systématiquement de dividende ???

Distribution de dividendes Faurecia (source Document de Référence 2008)

Mais il y a bien d’autres sociétés qui ont baissé leur dividende entre 2007 et 2018 (Carrefour, Société Générale, Engie, Orange, etc.). Il suffit de choisir habilement les chiffres pour manipuler l’opinion…

Ponctionner les dividendes pour financer la politique sociale ?

Sur LCI, Nathalie Arthaud (porte parole de Lutte Ouvrière) s’est en pris au régime des grands actionnaires, « qui touchent des dizaines de milliers d’euros tous les mois » ! Ces salauds d’actionnaires qui se gavent de dividendes alors qu’on manque de moyen pour financier les régimes de retraites.

En 2018, les grandes entreprises françaises ont distribué 51 milliards de dollars (ou 43 milliards d’euros) de dividendes. Par ailleurs, la France compte à la même époque 14 millions de retraités selon la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse.

Si l’État Français faisait main-basse sur la totalité de ces dividendes, il pourrait augmenter les pensions de retraite de 193 euros chaque mois (après impôts).

Mais pourquoi les actifs (salariés, demandeurs d’emploi, etc.) ne pourraient pas également en profiter ? Allez, on ajoute 30 millions de personne dans l’équation ! Ce qui fait mécaniquement baisser la rente à 63 euros par mois grâce aux dividendes du grand capital !

Ce n’est pas la panacée comme voudrait le faire croire quelques politiques.

De plus, si le statut d’actionnaire est si enviable, pourquoi ne pas le devenir soit même ? La capitalisation boursière du CAC 40 est de 1500 milliards d’euros et il rapporte un généreux dividende de 3,5% ! Les français pourraient utiliser les 1700 milliards placés en assurance vie pour racheter les entreprises du CAC 40…

Mais d’ailleurs qui compose l’oligarchie qui détient l’ensemble des richesses produites par la France ?

Qui sont les actionnaires ?

La grande question à laquelle personne ne semble s’intéresser est : qui sont les actionnaires du CAC 40 ? Bien évidement si on ne cite pas son adversaire, il ne pourra pas se défendre. Alors voyons ici qui sont les actionnaires du CAC 40.

Tout d’abord, les 40 premières entreprises françaises sont détenues majoritairement par des français (51,9%), suivis par les états-uniens (15,1%) et les suisses (4,9%).

Une enquête menée par Euronext nous donne un meilleur aperçu des actionnaires. Les 10 plus gros actionnaires du CAC 40 possèdent 18% des titres.

TOP 10 des actionnaires du CAC 40 selon Euronext

Sans surprise, on y retrouve les grandes familles du capitalismes (Bettencourt , Arnault et Pinault). Les états français et norvégien font également partie de grands investisseurs. La Norvège investit massivement ses excédents pétroliers, ses actifs dépassent les 1000 milliards de dollars.

Dans la troisième catégorie d’investisseur, nous avons les gestionnaires de fonds comme BlackRock, Natixis ou Amundi. Ces entreprises gèrent l’épargne financière des clients institutionnels (fonds de pensions) ou de particuliers. En réalité, ces sociétés sont actionnaires dans le CAC 40 pour le compte de tiers. Vous confiez votre argent à Natixis, qui va l’investir dans les entreprises du CAC 40 pour vous, en sélectionnant les meilleurs actions.

Cependant il est terriblement difficile de savoir qui possède les entreprises françaises. En effet, 40% des actions du SBF 120 sont détenues par des actionnaires inconnus (impossible à catégoriser).

Un actionnaire doit déclarer ses positions à l’Autorité du Marché Financier uniquement si sa position dépasse 5% des droits de vote. Un actionnaire individuel américain sera donc classé dans les inconnus.

Il est dommage de constater que les investisseurs particuliers ne détiennent que 3,9% des entreprises françaises. Le statut d’actionnaire est tellement avantageux mais personne ne veut le devenir, je ne comprends pas pourquoi ?

Un monde sans actionnaire est-il possible ?

Certains mouvements d’extrême gauche, notamment Extinction Rebellion souhaitent la fin du capitalisme. Mais sans capital et donc sans actionnaire, comment fera une entreprise pour financer ses investissements, son stock, le paiement de ses salariés ?

Extinction Rebellion, 4 temps à la Défense

Pour comprendre cela, il faut s’intéresser au bilan d’une entreprise, qui se décompose en actif (emplois) et passif (ressources). Vous allez voir, c’est très simple à comprendre.

Les actifs sont composés de :

  • Immobilisations (immeubles, machines, logiciels, etc.),
  • Stock,
  • Créances clients,
  • Trésorerie.

Les passifs sont quant à eux composés de :

  • Fonds propres (l’argent apporté par les actionnaires),
  • Dettes (financières, fournisseurs, fiscales et sociales).

Bien entendu, les passifs servent à financer les actifs, les deux agrégats sont donc égaux.

Prenez par exemple le bilan d’Air Liquide au 31 décembre 2018. Le total des actifs est égal à 41 milliards d’euros et il est financé par 23 milliards de dettes et 18 milliards de fonds propres.

Bilan Air Liquide 31/12/2018

Comment remplacer les actionnaires et leurs capitaux pour financer le fonctionnement et le développement de nos entreprises ?

Quelques pays ont tenté le socialisme (le vrai, pas François Hollande) mais il en paie lourdement le prix aujourd’hui. Le Venezuela a massivement nationalisé l’industrie pétrolière en 2007. Dix ans plus tard et une gestion calamiteuse de son industrie, la production de pétrole a drastiquement diminué et le pays est au bord de l’implosion.

Le vice inhérent au capitalisme consiste en une répartition inégale des richesses. La vertu inhérente au socialisme consiste en une égale répartition de la misère.

Winston Churchill

Les anti-capitalistes n’ont toujours pas trouvé de modèle économique viable. Karl Marx a disserté sur le capital sans jamais lui trouver une alternative.

En attendant le système capitaliste permet de réduire grandement le taux d’extrême pauvreté comme l’indique cette étude de la Banque Mondiale.

Extrême pauvreté dans le monde

Augmenter les salaires n’est pas la solution

Pour mieux-vivre, beaucoup de français réclament des hausses de salaires. Pendant la campagne présidentielle de 2017, Jean Luc Mélenchon voulait d’ailleurs augmenter significativement le SMIC.

Mais l’augmentation générale des salaires est-elle la solution à tous nos maux ?

Nous vivons dans une économie où la rencontre de l’offre et de la demande permet de déterminer un prix.

Si vous augmentez la quantité de monnaie en circulation, vous augmentez mécaniquement la demande. Cependant l’offre ne va pas nécessairement augmenter.

Par exemple, votre boulanger ne va pas produire 2 fois plus de pain. Il va donc adapter le prix de ses produits à la hausse de la demande ET à l’augmentation de ses coûts.

Par ailleurs, nous allons avoir un effet pervers. L’augmentation des salaires aura pour effet d’augmenter le prix de revient des biens produits en France. Les industries locales deviennent ainsi moins compétitives que leurs concurrentes.

En 1981, le premier ministre de l’époque Pierre Moroy lance un grand plan de relance keynésien. Augmentation du SMIC, embauche massive de fonctionnaires, la France dépense sans compter alors que ses partenaires économiques (l’Allemagne) se serrent la ceinture.

Les résultats ne tardent pas à arriver, l’inflation augmente fortement et la balance commerciale (rapport entre exportation et importation) se dégrade fortement. Les français importent de plus en plus de biens.

Après deux ans de relance, la France constate son échec, Mitterrand vire son premier ministre et adopte une politique de rigueur. La relance, pour être efficace, doit être collective.

Pourquoi baisser les impôts est LA solution ?

Si on ne peut pas spolier les actionnaires, trouver un autre modèle économique ou augmenter les salaires, alors comment faire pour améliorer la situation ?

La France est devenue la championne du monde des prélèvements obligatoires (cotisations sociales, impôts et taxes, etc.). Au gré des gouvernements de gauche et de droite, on n’a cessé d’augmenter les prélèvements obligatoires, jusqu’à atteindre 48,4% du PIB en 2018 !

Taux des prélèvements obligatoires

Cette politique nous permet de financer notre modèle sociale (sécurité sociale, retraite) mais jusqu’à quand ? Le mouvement des gilets jaunes a mis en exergue le raz le bol fiscal.

ON EST ARRIVÉ AUX LIMITES DU SYSTÈMES !

L’impôt est devenu punitif, les contribuables craignent une augmentation de revenu susceptible de leur faire perdre des allocations.

Pendant mes études, j’avais fait un stage l’été dans une agence bancaire. Un jour une cliente est venue me voir pour discuter d’un héritage qu’elle allait recevoir.

Dans cet héritage, il y avait des actions et obligations. Mais la dame n’avait qu’une peur que les revenus de ces produits financiers lui fasse perdre des allocations DÉLIRANT !!!

Lutte des classes d’un ancien temps

La gauche française est à bout de souffle mais nous appose toujours sa théorie de lutte des classes. Ces gens vivent dans le passé, qui a fait leur grandeur mais sont aujourd’hui totalement déconnectés de la réalité.

Ils utilisent la désinformation pour faire croire à un monde meilleur et vous promettent des modèles économiques irréalistes. Et malheureusement, il est très facile de se laisser bercer par ces douces paroles.

Le système capitaliste n’est pas tout rose, il est perfectible mais c’est le moins mauvais des systèmes. Faire la révolution tout seul dans son coin, ne changera rien, sinon quand aggravant la situation des salariés.

Devenir actionnaire, c’est financer l’économie, créer des emplois et en contre partie, préparer son avenir financier.

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