Analyse marchés US au 11/03/2022

13 mars, 2022

Encore une semaine mouvementée sur les marchés financiers. Les indices clôturent en ordre dispersé puisque l'Europe est en hausse sur la semaine, tandis que les marchés US sont en baisse. Chose importante à noter, le Vix est également en rempli sur la semaine, alors qu'avec des indices en baisse (et une corrélation historique négative), on aurait pu s'attendre à une hausse de la volatilité.

IndicesHebdomadaireMensuelleTrimestrielleAnnuelle
S&P 500-2.88-3.88-11.79-11.79
Nasdaq 100-3.87-6.57-18.49-18.49
Dow Jones 30-1.99-2.80-9.34-9.34
Russell 2000-1.06-3.34-11.83-11.83
VIX-3.851.9978.5778.57
CAC 403.28-5.99-12.48-12.48
DAX4.07-5.76-14.21-14.21
FTSE 1002.41-4.06-3.10-3.10
Nikkei-3.17-5.14-12.60-12.60
HSI-6.17-9.51-12.15-12.15

Suite à mon précédent article, vous vous demandez sûrement si je suis toujours baissier sur les indices (ou si je me suis lamentablement vautré). Alors, faisons le point tout de suite sur la situation.

Alors krach ou faux signal ?

Comme vous le savez, je suis totalement cash sur mon PEA et mon CTO (dont la devise est en USD) depuis 1 mois et demi. En effet, la hausse de l'inflation a mis le feu aux poudres en janvier, la FED prévoyait d'augmenter ses taux de 25pb (50pb ?) dès le mois de mars, puis de répéter l'opération (4, 5, 6 fois ?) au cours de l'année 2022.

Puis la Russie a envahi l'Ukraine, faisant craindre une 3e guerre mondiale entre des puissances détenant l'arme nucléaire. Après 2 semaines et demie de guerre, la défense ukrainienne tient toujours le choc face à l'agresseur russe, qui n'avait probablement pas imaginé une telle résistance.

Ces deux événements concomitants pèsent lourdement sur les indices. Ces derniers sont extrêmement volatiles, on a pu voir le CAC et le DAX gagner 7% sur une journée, avant de perdre 4% la journée suivante.

Alors, je suis comme vous. Quand les marchés rebondissent aussi violemment, je me demande si j'ai bien fait de vendre. Je me suis donc amusé à comparer l'évolution du S&P 500 lors des précédents krachs. Le point de départ de chaque occurrence correspond au signal de vente du système de Stan Weinstein.

Comme on peut le voir, les krachs ne sont pas aussi violents qu'on pourrait le penser. Notre imaginaire est probablement biaisé par le coronakrach et la violence de la baisse en février et mars 2020.

Par ailleurs, chaque krach a son propre rythme. Par exemple après l'éclatement de la bulle internet (ligne orange), la baisse du S&P 500 va être ponctuée de chutes et de rebonds violents pendant 2 ans et demi ! Cette période devait être particulièrement difficile pour les investisseurs.

Le krach de 2008 va quant à lui connaître une baisse rapide puis un gros rebond au printemps, le marché baissier va reprendre à l'été 2008 avec une baisse rapide et sans retracement du S&P 500.

Il faut bien comprendre qu'en période de marché baissier, les indices sont extrêmement volatiles. Par conséquent, les baisses mais également les rebonds ont des amplitudes importantes, comme on a pu le constater cette semaine. Cependant, il ne faut pas faire l'erreur d'interpréter ces rebonds comme des signaux de retournement haussier.

Acheter au son du canon ?

Comme indiqué en préambule, l'armée russe peine à conquérir l'Ukraine. La débauche d'hommes et de matériels ne suffit pas à vaincre la résistance ukrainienne. De plus, les États-Unis estiment que près de 5.000 soldats russes auraient perdu la vie depuis le début de l'assaut (pour une guerre aussi idiote que ceux qui l'ont déclarées). À cela s'ajoute, les militaires capturés, les désertions et le matériel (chars, artillerie, aviations, etc.) détruits.

Cette campagne, pensée comme une Blitzkrieg, se transforme en Bérézina. Poutine est en train de perdre la face, usant de stratégie déloyale (bombe thermobarique) et visant des civils (dont une maternité). D'ailleurs, la cour pénale internationale a ouvert une enquête.

Poutine va-t-il aller jusqu'au bout en augmentant l'intensité du combat et des frappes ? Au risque d'augmenter les sanctions contre son pays, voir de déclencher une guerre mondiale. Ou un accord de paix va-t-il être signé pour d'un côté, protégé l'Ukraine et de l'autre, permettre à Poutine de garder la face après cet échec ?

Bien évidemment, la seconde option est à privilégier et serait la meilleure pour tout le monde. Mais cela signifierait-il la fin du marché baissier ? Toutes les sanctions seraient-elles immédiatement levées ? Quid de l'indemnisation des dommages de guerres ? Les champs Ukrainiens vont-ils produire immédiatement le blé qui nourrit l'Afrique du Nord ? L'Europe va-t-elle acheter le gaz russe comme si rien ne s'était passé ? Quid des actifs russes dans les comptes des banques et des sociétés financières ?

Blackrock a annoncé une perte de 17 milliards sur les actifs russes de ses clients. H2O Asset Management a massivement parié sur le rouble une semaine avant l'attaque.

https://twitter.com/anewa/status/1499840133507518467

Pour moi, la fin de la guerre en Ukraine serait une très bonne nouvelle pour les ukrainiens (et les russes qui n'ont pas le choix que d'obéir à ce fou). Il y aurait très certainement une détente des indices à court terme, mais cela ne signifierait pas la fin du krach en cours.

La crise ukrainienne ne fait que précipiter l'arrivée d'une crise financière et économique.

Vers une récession aux États-Unis

Selon Janet YELLEN (ex présidente de la FED et actuelle secrétaire au Trésor), il n'y aura pas de récession aux États-Unis. Joe BIDEN a également déclaré que l'inflation "est largement la faute de Poutine".

https://twitter.com/thehill/status/1502389146739826692

Mais derrière ces belles déclarations qui visent à rassurer marchés ET électeurs, les taux ne nous disent pas la même chose. Ces derniers jours, le 10 ans américains est revenu sur ses plus hauts à 2% !

Et dans le même temps, la courbe des taux montre des signes d'aplanissement, voire même de retournement ! Regardez plutôt la différence entre les taux à 10 et 2 ans. Les taux courts (2 ans) montent beaucoup plus rapidement que les taux longs.

Par ailleurs, les chiffres de l'inflation pour le mois de février sont tombés cette semaine. Cette inflation atteint un pic jamais enregistré depuis 40 ans, à 7.9% sur un an. Alors bien sûr le prix de l'énergie pèse dans la balance (+25%) mais, le prix de l'alimentaire est également en hausse de 7.9%, les prix des voitures neuves (+12%) et d'occasion (+41%) explosent. L'immobilier n'est pas en reste puisque les loyers augmentent de 4.2%.

Bien sûr que la guerre en Ukraine pèse sur le prix de l'énergie, des autres manières premières et de la nourriture. Mais c'est l'arbre qui cache la forêt. Cette inflation touche absolument tous les secteurs et va contraindre la FED dans sa politique monétaire.

Que disent nos graphiques ?

D'un point de vue technique, les indices sont toujours dans une tendance baissière. En effet, tous les indices évoluent au-dessous de leur moyenne mobile (descendante) à 30 semaines. Par ailleurs, les adeptes de la loi de Dow auront constaté que les nouveaux plus hauts sont de plus en plus bas, formant ainsi une trendline baissière.

Nasdaq 100 au 11/03/2022

La ligne des avancées/déclins accompagne le mouvement de baisse du Dow Jones 30, rares sont ceux qui profitent des soldes pour acheter les petites valeurs massacrées sur les marchés US.

Et l'indice de momentum, qui mesure l'élan du marché (moyenne mobile à 200 jours des avancées/déclins), est bien ancré en territoire négatif.

Au chapitre des bonnes nouvelles, on peut noter que le Vix n'a pas fait un nouveau plus haut alors que le S&P 500 est au plus bas. Cette divergence pourrait montrer que les opérateurs anticipent probable un point bas (bottom).

Avec mes nouvelles compétences en Python, j'ai donc vérifié si cette divergence du Vix et du S&P 500 pouvait être un indicateur fiable de bottom (point vert ci-dessus). Alors certes, ces 13 dernières années, la divergence est concomitante (ou presque) avec le bottom. Mais pendant les krachs de 2000 ou de 2008, ces divergences ont sonné à maintes reprises alors que les indices étaient très loin de leur point bas.

Que faire maintenant ?

Vous l'aurez compris, pour moi (et les données que je suis), les indices suivent le schéma typique d'un krach boursier, qui pourrait être ponctué par une récession (crise économique). Je suis donc 100% cash sur mon PEA et mon CTO, cependant je ne vais pas acheter d'ETF inverse (type BX4) ou d'option put.

Pour le moment, je me contente d'observer les indices. Mais je ne m'interdis pas de travailler les indices à la baisse avec des CFD (je suis en train de rouvrir mon compte, où plutôt de l'alimenter en cash). Ces positions seront petites, sans levier et avec un stop-loss garanti (pour éviter de perdre ma chemise en cas d'erreur de jugement).

D'ailleurs, à quel moment mon jugement serait remis en cause ? Quels événements me feraient comprendre que je me suis planté et qu'il est l'heure de repasser à l'achat ? Lors des précédents krachs, le signal d'achat est venu encore une fois des cours. Et notamment quand l'indice clôture au-dessus de sa moyenne mobile ascendante.

Signal achat suite au krach en 2008-2009

Dans cet article, j'ai essayé d'être le plus objectif possible (malgré mon biais baissier). Si j'avais raté des événements, indicateurs ou statistiques positives, n'hésitez pas à les partager dans les commentaires. Bonne semaine.