Analyse marchés US au 20/03/2020

22 mars, 2020

Vendredi précédent, les marchés US avaient fortement rebondi limitant leur perte sur la semaine. Mais cette semaine, ces mêmes indices ont plongé très fortement. Le Dow Jones 30 perd 17% sur la semaine, -15% sur le S&P 500 et -12,5% sur le Nasdaq 100.

Le débrief de la semaine

Confinement : restez chez vous

La Chine et le reste de l’Asie en ont presque fini avec le Coronavirus. La guerre a été gagnée grâce à des mesures strictes de confinement, des tests massifs de la population, le respect de distance entre personnes.

Mais maintenant, le virus s’attaque au reste du monde. L’Italie est le pays le plus touché avec pas moins de 50.000 cas et 4.825 décès, effrayant.

En France, le président Emmanuel Macron a demandé le confinement de la population mais, il est encore peu respecté. Promenade sur la plage, marchés bondés, exode des citadins vers leur résidence de compagne, etc. Bref avec un tel comportement, on n’est pas sorti de l’auberge !

RESTEZ CHEZ VOUS !

Les États-Unis commencent à adopter des mesures de confinement, état par état. A ce jour, les gouverneurs de New York, du New Jersey, de l’Illinois, du Connecticut et de la Californie ont ordonné le confinement de la population. 100 millions de personnes concernés, plus de 31% du PIB concerné !

Donald Trump exclut -pour le moment- un confinement total des États-Unis mais, il vient de fermer les frontières avec le Canada et le Mexique pour tous les voyages non essentiels.

Des plans de sauvetage : en veux-tu, en voilà

Le confinement des populations va avoir des conséquences désastreuses sur l’activité économique mondiales. Par conséquent, gouvernements et banques centrales ont publié une salve de mesures pour protéger l’économie :

  • report/annulation de taxes,
  • chômage partiel,
  • prêts/garanties financières aux entreprises
  • prise de participation dans les entreprises en difficulté
  • injection de liquidité

Les banques en difficulté ?

Autre source d’inquiétude, le système bancaire qui vient de faire appel aux autorités pour déroger à certaines obligations prudentielles.

Les banques doivent respecter un certain nombre de normes comptables internationales (IAS-IFRS). Pendant la crise de 2008, les banques ont demandé la modification de l’une de ces normes, la norme IAS 39 (Instruments financiers : comptabilisation et évaluation). En effet, les banques ne pouvaient plus valoriser les produits financiers les plus complexes, elles auraient dû comptabiliser d’importantes charges.

Face aux lacunes de la norme IAS 39, les régulateurs ont travaillé sur une nouvelle norme comptable, IFRS 9 (Instruments financiers). Le texte est entré en vigueur en janvier 2018. Sans rentrer dans le détail, la norme Ifrs 9 impose aux banques de provisionner leur portefeuille de crédits.

En d’autres termes, plus le risque d’impayé (risque de crédit) augmente et plus les banques doivent comptabiliser de provisions (charges). Ces charges viennent diminuer leurs fonds propres et donc leur ratio de solvabilité. Pour maintenir son ratio, la banque aura deux alternatives : faire une augmentation de capital ou diminuer leurs prêts aux ménages et entreprises. Bref le cercle infernal !

Mais face à la crise qui arrive, les banques européennes viennent de demander des assouplissements quant-à l’application de cette norme IFRS 9.

À ce stade, j’ai du mal à croire à une faillite bancaire comme en 2008. Cependant, le fait que les banques fassent déjà appel aux régulateurs, cela en dit long sur les tensions actuelles.

Un remède à d’étude ?

Bon cette semaine, il n’y a pas eu que des mauvaises nouvelles. En effet, le professeur Raoult (infectiologue et un virologue de réputation internationale) a mené les premiers tests cliniques à l’hydroxychloroquine contre le coronavirus.

Ces tests, menés sur 24 patients, ont montré d’excellents résultats. En effet, le traitement a débarrassé du coronavirus plus 90% des personnes infectées. D’abord qualifié de « Fake News » par le ministère de la Santé et certains médias, les autorités reviennent sur leurs pas. Ce traitement va être rejoindre l’essai européen Discovery, portant sur plusieurs centaines de patients.

La prudence française contraste avec les réactions marocaines et états-uniennes. Au Maroc, le gouvernement a acheté tous les stocks de l’usine Sanofi de Casablanca pour traiter les malades !

De son côté Donald Trump a mis la pression sur la FDA (Food and Drug Administration) pour autoriser le traitement des malades à la chloroquine.

Les indicateurs techniques

La bourse de New York fini la semaine au tapis, nos trois grands indices finissent sur leurs plus bas (depuis le début de la crise), sous leur moyenne mobile descendante. Le S&P 500 et le Dow Jones 30 clôturent même au-dessus du point bas enregistré pendant la correction de 2018.

S&P 500 au 20/03/2020

Cependant, cette baisse n’est pas confirmée par de nombreux indicateurs. Tout d’abord notre ligne des avancées/déclins n’a pas réalisé de nouveau plus bas vendredi soir.

De plus, le Vix n’a pas fait de nouveau plus haut alors que le marché baissait fortement. Après avoir atteint la barre symbolique des 80,

Vix au 20/03/2020

Et pour finir, l’indicateur de sentiment qui suit le comportement des traders sur options, l’EPCR à 5 jours montre un regain de confiance chez les investisseurs.

EPCR à 5 jours au 20/03/2020

Le cours des indices et les indicateurs techniques nous envoient des signaux dissonants. Cette baisse pourrait être purement technique. En effet, le CME Group (l’un des deux principaux marchés à terme américain) a relevé par 2 fois la marge minimale (dépôt minimum pour conserver une position).

Certains investisseurs se sont donc retrouvés en dehors des limites et n’ont pas pu répondre aux appels de marge (augmenter leurs dépôts). Leurs positions ont donc été automatiquement liquidées.

Ma séance sur les marchés

Cette semaine, j’ai pris la décision de vendre mes ETF à levier. Le krach boursier que nous vivons est particulier, il est totalement hors du modèle suivi sur ce blog. Tous les indicateurs économiques sont bons, le phénomène de distribution pré-krach n’a pas eu lieu, et pourtant les marchés ont baissé très fortement.

Depuis les plus hauts (enregistrés en Février 2020):

  • Dow Jones 30 : -35%
  • S&P 500 : -32%
  • Nasdaq 100 : -28%

Cependant, j’ai conservé mes autres positions longues (sans levier) et notamment les actions Total achetées récemment. Mais je ne compte pas reprendre de nouvelle position acheteuse tant que je n’ai pas de signal clair des marchés.

Sur le compte CFD, j’ai profité du confinement pour faire un peu de day-trading. Pour la première fois de l’année, j’ai travaillé un sens vendeur. C’est-à-dire que j’attendais des zones de résistance pour vendre le CAC 40 (matin) ou le Nasdaq 100 (après midi).

Les résultats n’ont pas été à la hauteur de mes espérances… Globalement, j’ai coupé mes positions gagnantes/perdantes bien trop tôt. Si j’avais simplement laissé courir mes positions jusqu’au stop loss ou au take profit, j’aurais gagné nettement plus de points…

Pour finir cette revue hebdo, je ne peux pas m’empêcher de vous partager un extrait de Pièces à conviction. Elise Lucet, grande inquisitrice sur service public, reprochait à Roselyne Bachelot son excès de précaution dans le gestion de la grippe H1N1.

Bref, vive la redevance télé !

Une nouvelle semaine passionnante va s’ouvrir sur les marchés. Profitez de cette période de confinement pour lire, vous former, tester de nouvelle chose ou même regarder des films sur la bourse. Mais surtout restez chez vous, ne prenez pas de risque inutile !!!

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  1. Super article comme chaque semaine, toujours un plaisir à lire!
    Si l’Italie arrive a infléchir les courbes de décès/contaminations la panique devrait commencer à baisser d’avantage… Ça va être intéressant de suivre également ce qu’il se passe au niveau du pétrole dans les prochaines semaines. Une possible entente entre Russes et Saoudiens pourrait bien changer la donne. Les élections américaines aussi, elles sont dans quelques mois et Donald Trump a besoin que le pétrole et la bourse remonte d’ici là. Et il nous a prouvé qu’il n’est pas du genre passif ce bonhomme… Si on reste en bonne santé, les prochains mois vont être passionnants à suivre !

    1. Merci Patate!

      Effectivement les prochaines semaines/mois sont être passionnants et très instructifs.
      Hier, la Fed a sorti la bombe atomique (QE illimité), voyons si le rebond est durable et s’il est confirmé par les indicateurs de participation.

      Alexandre

  2. La seule (quasi) certitude c’est que la volat va continuer de bien se porter. Et qu’on a pas fini de vivre de l’Historique.

    Quant à la possibilité de nouvel accord russo-séoudien, suis fort dubitatif. En tous cas quant à ses effets. Car quand bien même les effets de la pandémie sur Russes et Saoudiens serait assez forte pour les y contraindre, elle signerait aussi, par son extension, l’approfondissement de la récession planétaire.

    D’autant que ladite récession, après un cycle haussier artificiellement prolongé par endettement, Q.E. et rachats d’actions sans gains de productivité ni répartition de la V.A. assez favorable au travailleur /consommateur pour profiter aux entreprises, s’inscrit, papyboom oblige, dans une inflexion de la courbe de l’épargne dont aucune révolution technologique ne pourra compenser les calamiteux effets.

    Bref, si je doute peu d’un joyeux, voire exubérant, rebond en sortie de pandémie, même sans cataclysme bancaire, je vois mal comment, à moyen-long terme, les Niagara de création monétaire, actuels et à venir, pourront redinamyser les économies, donc les bourses des pays nantis.

    Sauf à ce qu’ils se dotent tous de gouvernants éclairés qui décideraient de massifs investissement dans structures, santé publique, progrès sociaux et efficacité énergétique low carbon.

    Voeux pieu ! Car il n’est que les lendemain de guerre pour convaincre ceux auxquels elle a profité de se soucier enfin de ceux qui, pour avoir réchappé à ses horreur, en sortent conscient et enragés de l’avoir fait pour eux (Ô mannes de Celines, Genevoix… guidez leurs pas !).

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